La famille des seigneurs de Déols remonte au début du Xe siècle et sont certainement d’abord implantés à proximité de l’abbaye de Déols, fondée en 917 par Ebbe le noble, père de Raoul le Large. Vers 937, Raoul le Large fait bâtir à proximité une forteresse qui devient la résidence principale des seigneurs de Déols et le centre de leur « principauté ». À partir de 1112, ce château est nommé « Château-Raoul » (Castrum Radulphi), en raison du prénom fréquent chez les seigneurs de Déols. Ces seigneurs s’appuient sur l’abbaye de Déols, puissante à cette époque, et à la fin du XIIe siècle, la principauté s’étend sur les deux tiers sud de l’actuel département de l'Indre.
En 1176, Raoul, seigneur de Déols et Châteauroux, et dernier du nom, meurt à Ravenne au retour de Terre sainte. Denise de Déols, unique héritière, est alors prise en charge par son oncle Eudes, seigneur de La Châtre et de Châteaumeillant. Mais son suzerain, Henri II Plantagenêt, s’empare de la jouissance de ses seigneuries et l’expose au conflit qui l’oppose au roi de France en la mariant à Beaudouin de Reviers 3e comte de Devon. Celui-ci meurt en 1188, et la même année Philippe Auguste s’empare brièvement de Châteauroux, ainsi que de nombreux châteaux du Bas-Berry.
Comme son père, auquel il succède en 1189, Richard Cœur de Lion dispose de Denise de Déols. Elle est emmenée en Angleterre et mariée à André de Chauvigny. Celui-ci accompagne Richard Cœur de Lion en Terre Sainte lors de la troisième croisade. De retour à Châteauroux, Denise et son mari sont impliqués dans la lutte entre Richard et Philippe Auguste. André soutient Richard, puis Jean sans Terre qui lui succède comme duc d'Aquitaine, puis roi d'Angleterre. À la suite du traité du Goulet, en mai 1200, Jean sans Terre abandonne sa suzeraineté sur les seigneurs berrichons au profit de Philippe Auguste. Désormais, André dépend de Philippe pour ses fiefs du Berry et il prête hommage au duc Arthur de Bretagne pour ses autres fiefs. Par Denise, il est seigneur de Déols, Saint-Chartier, La Châtre, Le Châtelet, Châteauroux, Issoudun…
Avec la reprise des hostilités entre Philippe Auguste et Jean sans Terre, en juillet 1202, André de Chauvigny part soutenir Arthur de Bretagne contre le roi Jean, son oncle et rival dans la succession de Richard Cœur de Lion. Mais celui-ci les fait prisonniers en 1202 à la bataille de Mirebeau, et ils disparaissent tous deux en captivité à Rouen la même année, de sorte que Guillaume de Chauvigny, fils d'André, lui succède.
- Ebbes le Noble, seigneur de Déols (896-937).
- Raoul le Large (fils de Ebbe le Noble, c.915-952), seigneur de Déols et d'Issoudun (vers 937-952).
- Raoul le Chauve (fils de Raoul le Large, 945-1012), seigneur de Déols, Châteauroux et Issoudun (952-1012).
- Eudes l'Ancien (fils de Raoul le Chauve, 980- † après 1037, 1045 pour certaines sources), seigneur de Déols, Châteauroux et Issoudun (1012-1037). Sa sœur Eldeburge est mariée avec Geoffroy le Noble, Vicomte de Bourges, avec qui il est en guerre en 1037.
- Raoul le Prudent (fils de Eudes, c.1005/1010-1052), seigneur de Déols, Châteauroux et Issoudun (1037-1052). Selon la chronique de Déols, il assiège et prend Châteauneuf-sur-Cher en 1037 devant lequel son frère Ebbes a été tué.
- Raoul l’Enfant (fils de Raoul le Prudent, † 1058), seigneur de Déols et Châteauroux (1052-1058).
- Raoul-Thibaut (second fils de Raoul le Prudent, 1040-1099), seigneur de Déols et Châteauroux (1058-1099). Son frère Eudes fonde les seigneurs d'Issoudun (vers 1037/1045-1085).
- Raoul (V) le Vieil (fils de Raoul-Thibaut, vers 1070-1141), seigneur de Déols et Châteauroux (1099-1141), marié avec Fénion Guillebaud, fille de Allard Guillebaud, seigneur de Châteaumeillant.
La Chronique de Déols fait mention de la mort en 1112 de Radulphus Senex, filius Radulphi-Theobaldi, VIII dominus Dolensis et de celle de Radulphus Senior Dolensis, en 1141. La Foundation for Medieval Genealogy écrit qu'il est possible que ceux-ci soient deux individus distincts, le dernier étant le fils de Raoul le Vieil. Mais elle a néanmoins des doutes sur l’existence d’un deuxième Raoul à la même époque (source: https://guyderambaud.wikia.org/fr/wiki/Raoul_le_Vieil_de_Déols). Cela expliquerait cependant cette étonnante longévité pour l’époque.
- Ebbes (II) (fils de Raoul le Vieil et de Fénion Guillebaud, vers 1112-1160), seigneur de Déols et Châteauroux (1141-1160).
- Raoul (VI) (fils de Ebbes et de Denise d’Amboise, 1148-1176), seigneur de Déols et Châteauroux (1160-1176), marié avec Adeline de Sully, puis avec Agnès de Charenton, dame de Meillant et fille d'Ebe de Charenton. Son frère cadet Eudes fonde les sires de Châteaumeillant, de la Châtre, de Boussac, de Sainte-Sévère et d'Huriel.
- Denise de Déols et Châteauroux (fille de Raoul et d'Agnès de Charenton, 1173-1207), mariée en 1176 ou peu après par Henri II avec Baudouin de Reviers 3ème comte de Devon (†1188), puis en 1189 avec André de Chauvigny (1150-†1202). Elle se marie une troisième fois en 1204 avec Guillaume de Sancerre (sans postérité).
- Guillaume Ier de Chauvigny, fils de Denise et André de Chauvigny (1188-1233), seigneur de Châteauroux (1207-1233).
- Guillaume II de Chauvigny, fils de Guillaume Ier (1224-1270), seigneur de Châteauroux et Argenton (1233-1270).
- Guillaume III dit Dent de May, fils de Guillaume II (1250-1322), seigneur de Chauvigny et Châteauroux (1270-1322).
Les seigneurs de Déols sont les seigneurs dominants du Bas-Berry, ils commencent à frapper monnaie dès le XIe siècle, sous Eudes l'Ancien, au type du monogramme carolin dégénéré. Ce seigneur de Déols s'intitule "Dux" sur ses monnaies parce qu'il aurait commandé la milice d'Henri Ier dans sa lutte contre la Reine Constance, et ce titre "Dux" ou "Dux milice" restera dans la famille. Au revers, Doleo (Déols) est suivi de la mention Cives (cité). Outre ce type consacré, Eudes créé le type propre de Déols, l'étoile à cinq pointes (pentalpha) et la frappe de ces monnaies se perpétue, avec des légendes dégénérées, jusqu'à une époque indéterminée.
Il semble qu'on doive attribuer à l'un des quatre Raoul qui lui succèdent (1037-1141 env.), de préférence au dernier, Raoul V, la pièce de même type avec le nom Radulfus. R/ Dux milice. Vient ensuite le denier d'Ebbes (Ebo. R/ De Dolis). A partir de Raoul VI (Radulfus. R/ De Dolis) (1160-1176), dont la frappe se continue sous André de Chauvigny (1176-1188), l'étoile a six pointes (hexalpha). Philippe Auguste saisit un moment Déols qu'il veut donner en dot à sa bru, Blanche de Castille, mais la seigneurie est rendue aux Chauvigny. Guillaume Ier de Chauvigny (1207-1234) frappe encore au type de l'hexalpha (lég. De Dolis). Ses successeurs, Guillaume II et Guillaume III, délaissant le nom de Déols, qui est celui d'une abbaye où était peut-être installé l'atelier jusque-là, adoptent le nom de Châteauroux (Castri Radulfi), et un type imité de la Marche (DNS dans le champ entre un tilde et un croissant), l'écu aux fusées de Chauvigny, et le type blésois. L'homonymie des trois Guillaume seigneurs de Châteauroux ne facilite cependant pas le classement chronologique de leur monnayage.